Toits verts Des toitures qui rendent bien service
L'Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris a présenté les premiers résultats de son expérimentation, à l'occasion de la visite de Barbara Pompili, secrétaire d'État chargée de la biodiversité.
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L'Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (iEES) étudie depuis juillet 2014 les services écosystémiques que pourrait fournir une toiture végétalisée. La mission Economie de la biodiversité (www.mission-economie-biodiversite.com) pilotée par CDC Biodiversité, filiale de la Caisse des dépôts dédiée à l'action en faveur de la biodiversité, finance l'expérience installée sur les toits du groupe immobilier Icade. Barbara Pompili, secrétaire d'État chargée de la biodiversité, s'est rendue fin novembre sur le site afin d'assister à une présentation des premiers résultats.
L'étude comprend 56 bacs expérimentaux permettant de contenir des « mini » toits verts de 10 ou 30 cm d'épaisseur. Deux sols ont été utilisés : un sol « spécial toits verts » et un sol de prairie d'Île-de-France. Les végétaux plantés dans des bacs combinent une à cinq espèces. Entre juillet 2014 et septembre 2016, la croissance des plantes, leur transpiration, les visites par des insectes pollinisateurs ou les sorties d'azote et de matière organique ont été mesurées. Les objectifs étaient de comprendre les rôles respectifs du type de sol, de son épaisseur et des plantes sur les services écosystémiques rendus par les toitures : réduction de l'effet d'îlot de chaleur urbain, absorption du CO2, gestion des eaux en cas de fortes pluies, maintien de la biodiversité des insectes pollinisateurs...
Un urbanisme à « biodiversité positive »
L'expérimentation a permis de mettre en évidence les rôles respectifs du type et de l'épaisseur du sol et des espèces végétales dans la conception d'une toiture végétalisée. Par exemple, elle a montré que l'évapotranspiration, et donc le potentiel effet « rafraîchissant » de la toiture, dépendait de l'épaisseur du sol sur lequel les plantes se développent (chez la majorité des plantes étudiées, la transpiration diminue avec l'augmentation de cette épaisseur).
Autre résultat : l'augmentation de l'épaisseur de sol et de la diversité des plantes sur la toiture augmente la diversité des insectes pollinisateurs. Les résultats montrent que la qualité des eaux rejetées en sortie de toiture dépend des caractéristiques de celle-ci : épaisseur du sol et association végétale. Afin d'éviter le rejet d'eaux chargées en nitrates, il est important de choisir une association « végétal-sol » permettant une meilleure absorption des polluants. Ainsi, l'expérimentation montre que le choix des composantes d'une toiture (type de sol, épaisseur et végétaux) nécessite une réflexion sur les services écosystémiques que l'on souhaite privilégier en amont de la végétalisation d'un bâtiment. Ce travail permet ainsi de proposer des pistes de conception et de gestion de toitures végétalisées multifonctionnelles.
Pour Laurent Piermont, président de CDC Biodiversité : « Face aux enjeux de plus en plus cruciaux des relations villes-nature, un nouvel urbanisme est en train de s'inventer : un urbanisme à "biodiversité positive". Les toitures végétalisées seront l'un des outils de celui-ci. »
Valérie Vidril
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